Hôtel restaurant à Arc sur Argens

Découvrir les villages perchés du Haut-Var

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Rated 4.9 out of 5

Hôtel de tourisme 4 étoiles

Entre rocs et chênes verts, un chapelet de villages

Dans le Haut-Var, l’approche d’un village perché commence souvent par un virage qui s’ouvre sur une ligne de façades mêlant ocre et pierre, agrippées à une crête comme à un fil. L’air sent la résine de pin et la terre chauffée, la lumière découpe les toits contre le ciel, et les sonorités – un volet qui grince, une fontaine qui murmure – annoncent un monde minéral façonné par la pente. Ici, on grimpe avant d’arriver, on pose la main sur la pierre avant de comprendre, et l’on s’abreuve de points de vue panachés de vignes, de forêts de chênes verts et de lointains bleutés. Découvrir les villages perchés du Haut-Var, c’est accepter l’allure lente des routes et la cadence du relief, pour se laisser guider par la logique d’un paysage où chaque implantation raconte une stratégie vitale, un art d’habiter.Le territoire s’étire entre les contreforts du Verdon et de l’Artuby, les plateaux qui descendent vers la Dracénie et les vallons d’oliviers de la Provence Verte. Ces villages ne sont pas seulement juchés pour la beauté du geste : ils se sont posés haut pour surveiller, se défendre, capter l’air plus sain, garder les terres arables en bas, capter l’eau rare en retenant chaque ruissellement. Leur silhouette, de loin, dit déjà leur histoire : un clocher pointu ou carré comme pivot, une enceinte, parfois une tour ruinée, puis un ruban de maisons étagées suivant une arête rocheuse. Et tout autour, la lisière mobile des cultures, le bocage provençal, les restanques qui dessinent des lignes fines sur les pentes.hotel var — Découvrir les villages perchés du Haut-Var

Une architecture née de la pente

La première leçon d’un village perché du Haut-Var, c’est que la pierre commande. Elle conditionne l’épaisseur des murs, l’étroitesse des calades, la taille des ouvertures. En parcourant les ruelles, on remarque comment le bâti se cale au rocher, comment les maisons s’appuient les unes sur les autres, se couronnent de toits canal qui conduisent l’eau vers des citernes et des bassins. Entrer dans ces rues revient à lire la géologie dans l’urbanisme : la pente impose des décrochements, des marches irrégulières, des passages voûtés qui enjambent les venelles et relient deux niveaux d’une même maison. Chaque seuil a ses pierres usées, chaque façade ses volumes modestes mais tenaces, chaque linteau ses marques d’artisans.Partout, l’eau est un trésor domestiqué. Les fontaines rythment l’espace public, les lavoirs s’abritent sous des toitures basses, les canalisations de pierre relient les sources aux cœurs habités. Devant certaines maisons, de petites rampes pavées laissent imaginer les charrettes d’autrefois, l’acheminement des récoltes, du bois, des amphores d’huile. Dans la périphérie, les restanques – ces murets de pierres sèches – étagent les parcelles, fixent la terre, protègent les oliviers des ruissellements. Elles dessinent un coussin de lignes horizontales sous l’éperon bâti, rappelant que l’agriculture n’a jamais été secondaire ici, même quand le village se dresse tel un mirador.

Ruelles et passages voûtés

Le charme de ces villages tient autant aux panoramas qu’aux intimités. Une ruelle s’étrécit en couloir, un passage voûté s’ouvre sur un petit puits, un escalier s’enroule pour mener vers une placette pavée où deux platanes jettent leur ombre. Ces espaces séquencent la montée, proposent des pauses, protègent du vent ou du soleil. Les voûtes, parfois en plein cintre, parfois en anse de panier, relient deux maisons et forment des raccourcis étonnants. Les portes, souvent sombres, s’ornent de heurtoirs en fer patiné, de clés qui semblent trop grandes pour la serrure. L’odeur du linge, du pain ou du moût s’y accroche à certaines heures, soulevant cette question discrète : qui habite encore ici, et comment vit-on la pente au quotidien ?

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Places et horizons

Chaque village perché du Haut-Var possède son théâtre de plein air, une place qui n’est pas toujours grande, mais qui porte un air de centralité joyeuse. On y joue à la pétanque à l’ombre, on y installe le marché, on s’y salue sans se hâter. Souvent, cette place s’ouvre sur un belvédère, une rambarde de fer qui laisse filer le regard au-delà des toits. Là, le relief répond à l’architecture : la masse de la colline en face, la blancheur d’un sommet calcaire, la bande sombre d’une forêt, la ligne claire d’une rivière. Le soir, les villages s’embrasent d’un miel doux ; au matin, la lumière tranche, souligne les angles, révèle les joints des pierres. Ce jeu d’ombres et de lumières est un autre patrimoine, un rythme quotidien qui attendrit la rigueur de la pierre.

Chroniques d’un territoire habité depuis des millénaires

Avant d’être médiévaux, ces sommets habités ont souvent été antiques, parfois préhistoriques. Des oppida ont occupé les éminences ; la romanité a tracé des voies dans les fonds de vallons et laissé des fragments de ponts, de tuiles, de noms. Puis sont venues les grandes vagues médiévales, la nécessité de surveiller, de fortifier, l’essor des bourgs castraux. Dans plusieurs villages, les remparts n’ont pas totalement disparu : une porte gothique, une tour ronde, un pan de courtine parlent encore ce langage de défense. Les chapelles romanes parsèment les abords, souvent posées sur un replat herbeux, couverts de tuiles brunes, naves étroites et absides simples, témoins d’une foi inscrite dans la sobriété de la pierre.Le temps moderne a apporté d’autres strates : de vastes portes plus tardives, des hôtels particuliers modestes, des faïences en encadrement de fenêtres, des ferronneries de balcons. Les siècles de paix relative ont modifié le cœur des villages, adouci la vocation guerrière, élargi les portes pour laisser entrée aux charrettes plus hautes, ajouté des escaliers extérieurs, des greniers à foin. Le XIXe siècle a vu la campagne se vider par à-coups, avant que le XXe renoue avec les maisons devenues résidences secondaires, puis ateliers, galeries, chambres d’hôtes. Aujourd’hui, le Haut-Var conjugue permanence et renouvellement : d’anciens métiers revivent, de nouveaux habitants s’enracinent, et les villages continuent d’osciller entre saison lente et saison vive. hotel proche draguignan — Découvrir les villages perchés du Haut-Var

Silhouettes singulières, identités locales

On reconnaît un village perché à sa manière d’être au monde, et chacun du Haut-Var a sa signature. Sur les hauteurs froides et pures, Bargème dresse fièrement ses ruines seigneuriales, le vent y circule avec franchise et la vue glisse vers l’Artuby. Ce perchoir, l’un des plus élevés du département, incarne la rigueur minérale, le dialogue du ciel et des pierres blondes. Plus au nord du Verdon, Trigance serre ses maisons au pied d’un château réaménagé ; l’ensemble ressemble à un navire de pierre, ancré dans un coude de vallée où la rivière sculpte des méandres. L’enceinte médiévale a modelé des rues resserrées, un tissu qui se découvre par paliers, avec des terrasses soudain ouvertes sur l’azur.Plus au sud, Tourtour mérite son surnom de village dans le ciel . Le bâti épouse une colline ronde, les placettes en enfilade créent une promenade d’ombre et de lumière, et les perspectives s’élargissent en tous sens. Les sources et les fontaines y abondent, bruissant au pied des platanes et dans les cours. Les ateliers et galeries ont investi les rez-de-chaussée, mais la rumeur reste douce et l’élan vertical modeste, presque dansant. Non loin, Villecroze accroche ses maisons aux pentes et ouvre ses jardins vers une paroi rocheuse percée de cavités troglodytiques ; l’eau qui sourd et ruisselle y a engendré un parc frais, presque secret, qui tranche avec le roc. La fraîcheur devient ici un luxe qui remonte des pierres et des feuilles.Du côté des gorges de la Nartuby, Châteaudouble s’étire sur une arête, avec des terrasses suspendues au-dessus d’un dénivelé vertigineux. L’impression d’altitude y est immédiate, presque alpine, malgré l’odeur de garrigue. À quelques virages, Ampus s’ouvre au vent, posé à cheval entre deux vallons, déployant ses calades vers une église qui veille. Comps-sur-Artuby annonce déjà les plateaux austères conduisant à l’entrée du grand canyon du Verdon ; ce bourg resserré au-dessus de la rivière est un point de départ naturel pour explorer les rebords et sentir le souffle des grands espaces.

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Vers les collines plus douces, Aups affirme son identité de bourg à la fois rural et animé, dont la halle et les rues rayonnent les jours de marché. Entre oliviers et chênes, on y parle volontiers de truffes en hiver, de légumes et de fromages de chèvre au printemps, d’huile et de miel toute l’année. À quelques kilomètres, Sillans-la-Cascade rappelle que l’eau, ici, se cache puis surgit en gloire : une chute émeraude au fond d’un vallon boisé, un contraste saisissant après la minéralité des places. Et puis il y a Cotignac, adossé à une haute falaise de tuf, le village s’y niche comme dans un amphithéâtre naturel, avec des habitations troglodytiques suspendues au-dessus des toits, des ruelles qui montent vers la roche, des perspectives théâtrales qui font vibrer la lumière.On pourrait encore évoquer les silhouettes discrètes et panoramiques de Fox-Amphoux, les vues imprenables de Moissac-Bellevue, les ruelles anciennes de Montmeyan, les promontoires de Baudinard-sur-Verdon au-dessus des gorges basses. Dans chaque cas, la position en hauteur n’est pas seulement décorative ; elle structure le quotidien, crée des microclimats, oriente les cultures alentour, dicte une sociabilité qui se tisse au rythme de la place, de l’église, du point d’eau, du boulanger tôt levé et des conversations du banc à l’ombre.

Le goût du Haut-Var : marchés, cuisine et vins

Découvrir les villages perchés par le goût, c’est laisser ses pas suivre les effluves. Sur certaines places, tôt le matin, l’air s’emplit des parfums de pain sortant du four, d’huile d’olive fraîchement tirée, d’herbes de garrigue qu’un vendeur froisse pour les faire respirer. Les étals proposent des légumes gorgés de soleil, des tapenades d’olives noires ou vertes, des terrines parfumées, des fromages de chèvre affinés dans les caves fraîches des maisons anciennes. Quand vient la saison, la truffe noircit les conversations et les omelettes ; on la devine à la façon dont les regards scrutent les paniers, dont les chiens regardent leurs maîtres.restaurant var — Découvrir les villages perchés du Haut-VarLe vin, ici, porte deux visages. Les rosés, d’une fraîcheur saline, accompagnent sans effort les picholines et les salades du midi ; les rouges, plus confidentiels, invitent à des accords avec les daubes, l’agneau des plateaux, les légumes confits. Les appellations voisines se croisent, Coteaux Varois en Provence et Côtes de Provence, et l’on goûte la variété des terroirs selon que les vignes plongent vers les vallons frais ou s’installent sur des replats caillouteux. La cuisine domestique reste sobre, attentive aux produits et aux saisons : soupes de légumes rustiques l’hiver, tians et grillades l’été, confitures de figues à la fin de l’été, champignons et châtaignes quand la lumière baisse.

Marcher de village en village

La meilleure manière d’entrer dans l’intimité des villages perchés du Haut-Var, c’est de les relier à pied. Les sentiers balisés descendent vers les rivières, s’enfoncent dans les pinèdes, remontent par les terrasses plantées d’oliviers, pour rejoindre une porte médiévale, un chemin de ronde devenu promenade. On marche sur des traces très anciennes, celles des bergers, des colporteurs, des paysans, et l’on comprend vite la position des villages par le corps, par l’effort. Les liens entre bourgs prennent alors une autre évidence : tel vallon sert de corridor, tel col de passage, telle barre rocheuse de frontière naturelle.De belles boucles joignent les abords des gorges du Verdon à leurs contreforts : du haut d’un éperon, on aperçoit la découpe des falaises avant que le chemin plonge vers un pont de pierre ou longe une corniche ombragée. Dans les parages des rivières plus modestes, la Nartuby, l’Artuby, les sentiers s’ouvrent sur des passerelles, des moulins ruinés, des rives où les lauriers-roses éclatent en été. Entre Tourtour, Villecroze, Salernes et Aups, une mosaïque de chemins permet de composer une itinérance de quelques jours, où l’on dort dans une auberge de village, où l’on prend le café tôt, avant que le soleil ne commence à vibrer dans les feuilles.

Saisons et lumières

Les villages perchés changent de visage selon les saisons. En hiver, l’air clair et froid creuse les distances, la neige peut poudrer les sommets lointains, les placettes sonnent le vide et l’on écoute mieux le murmure des fontaines. Au printemps, les fleurs de cerisiers et d’amandiers blanchissent les bords des chemins, les herbes grasses envahissent les restanques, et l’ombre redevient une denrée. L’été, malgré la chaleur, les ruelles étroites offrent des couloirs de fraîcheur ; les fins d’après-midi réveillent les conversations, les terrasses, les parties de boules. À l’automne, la lumière ambrée pose un vernis sur les pierres, les marchés se colorent de courges et de champignons, les vendanges rythment les vallées. Selon l’heure, la même ruelle affiche une humeur différente, et le même panorama, une profondeur neuve.

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Artisans, ateliers et savoir-faire

La pente n’a jamais empêché de travailler ; elle a même inspiré des métiers. Dans les villages du Haut-Var et leurs proches alentours, les ateliers dialoguent avec les pierres : tournage du bois d’olivier aux veines serrées, ferronneries fines pour les garde-corps et heurtoirs, céramiques qui prolongent la tradition régionale des tomettes et des carreaux. Le voisinage de Salernes a laissé des traces durables dans les esprits, tant les routes ont longtemps vu circuler les cargaisons de terre cuite. Dans les rues de Tourtour, de Cotignac, d’Aups, de petites galeries présentent des peintures, des aquarelles, des objets de décoration inspirés par les paysages alentour. On y croise des artisans qui ont choisi de s’installer en hauteur pour la qualité de la lumière, la proximité de la nature, le lien humain d’un village où l’on se salue par le prénom.Ces savoir-faire se retrouvent dans les détails du quotidien : un banc de pierre adouci par l’usage, une grille forgée en arabesque qui capte la lumière, une jarre de terre cuite où s’enracinent des plantes grasses. Le visiteur attentif repère les marques, les signatures discrètes, les ateliers ouverts quelques heures par jour, et comprend que l’économie des villages perchés ne se résume ni au tourisme, ni à la nostalgie, mais à une fine articulation de gestes anciens et d’initiatives contemporaines.

L’eau cachée, fontaines, lavoirs et cascades

On ne se perche pas par hasard dans un pays d’eau capricieuse. Le Haut-Var tient un art délicat de la collecte et de la redistribution, que l’on lit dans ses fontaines, ses bassins, ses lavoirs couverts, ses biefs. La moindre source trouve un usage : rafraîchir une placette, abreuver un bétail, alimenter un jardin en contrebas. De discrets regards de pierre s’ouvrent sur des canaux souterrains ; des plaques gravées racontent des restaurations récentes, des collectes anciennes. L’eau, rare, se cache dans les plis du terrain et ressurgit parfois en beauté, comme à Sillans où la cascade dévoile un monde vert et bleuté, trou dans le drap minéral, promesse de fraîcheur en plein été. À Villecroze, les grottes et jardins composent une autre scène aquatique, plus secrète, plus horizontale, où les canaux sussurent dans l’ombre.chateau hotel — Découvrir les villages perchés du Haut-VarCette économie de l’eau explique la densité de certaines plantations : les oliviers serrés sur des restanques, les jardins potagers blottis contre un mur qui restitue la chaleur la nuit et retient l’humidité le jour, les treilles qui ombrent les façades. Dans les vieux villages, les lavoirs rappellent l’époque où la sociabilité féminine se tissait autour des gestes répétés, où l’on bavardait en battant le linge, où l’on surveillait les enfants qui jouaient autour. Les fontaines, elles, font encore office de fresques sonores, si bien que l’on s’y attarde sans y penser, ne serait-ce que pour laisser l’oreille savourer un peu d’eau dans un pays qui n’en prodigue pas à l’excès.

Conseils pour un voyage responsable et serein

Pour goûter pleinement les villages perchés du Haut-Var, mieux vaut épouser leur rythme. On arrive tôt, on respecte les zones de stationnement, on se glisse à pied dans le cœur ancien sans chercher à forcer des ruelles qui n’ont pas été conçues pour les voitures. On parle bas, on range son appareil photo après avoir demandé un sourire aux habitants, on n’entre pas dans les propriétés même si une porte entrouverte laisse entrevoir une cour pavée. Le pays vit au fil des saisons et des travaux : cueillette, taille, vendange, marchés ; à chacun de s’y accorder avec simplicité.En randonnée, on ferme les clôtures derrière soi, on garde son chien en laisse, on évite les feux et toute étincelle qui pourrait allumer la garrigue en été. On emporte de l’eau, on prévoit un chapeau, on consulte la météo et les avis d’accès aux massifs en période de risque. Les drones restent au placard dans les cœurs de villages et aux abords des falaises où nichent des rapaces. On ramasse ses déchets, on laisse les pierres à leur place, on ne cueille pas les plantes protégées, on s’émerveille sans prélever. Ces gestes simples maintiennent l’équilibre fragile entre l’attrait que suscitent ces villages et la tranquillité qui les fait tenir.

Itinéraires d’une journée ou d’un long week-end

Une journée pourrait commencer à Aups, par un café sur la place et une flânerie dans les rues qui rayonnent autour de l’église. Le temps d’acheter quelques provisions, on file vers Tourtour, dont la montée se fait en douceur. On s’attarde à l’ombre des platanes, on glisse dans les ruelles qui s’emmêlent derrière la place, puis l’on redescend vers Villecroze, où l’après-midi déroule sa fraîcheur autour des jardins et des grottes. Si la lumière tient encore, Sillans-la-Cascade vient clore la boucle par un bain visuel, la chute d’eau offrant une dilatation du regard avant de remonter au village pour un dîner simple, pris sur une terrasse qui respire l’huile d’olive et l’ail doux.Un autre itinéraire, sur deux jours, pourrait se dessiner le long des contreforts qui regardent vers le Verdon. On prend pied à Comps-sur-Artuby, on s’égare dans ses ruelles, on file ensuite vers Trigance, dont les pierres résonnent d’un souffle médiéval. Les lisières des gorges ne sont jamais loin, et les chemins de corniche appellent à une boucle de fin d’après-midi. Le lendemain, on vise Bargème et sa position de vigie, un panorama presque infini, puis l’on redescend par des petites routes qui serpentent, jusqu’à Châteaudouble, où l’on mesure ce que suspendu veut dire quand les maisons s’accrochent au vide. Entre les villages, la voiture sert d’outil, mais l’on gare à l’extérieur pour laisser la pente s’exprimer sous les pieds.Pour une échappée plus méridionale, Cotignac offre un contraste saisissant. Le village, théâtral, invite à un jeu de verticalités : maisons et falaises se répondent. De là, une escapade vers Moissac-Bellevue ouvre de larges perspectives, tandis qu’un crochet par Fox-Amphoux donne le sentiment d’un perchoir à part, posé comme un nid au-dessus des collines. Ce genre de weekend n’exige pas de programme chargé ; il demande plutôt d’ouvrir le temps, laisser place à la conversation en terrasse, à la visite impromptue d’un atelier, à la découverte d’une petite chapelle hors des circuits balisés.

Quand la nuit polit les pierres

Rester jusqu’au soir transforme l’expérience. Les villages s’épurent, se défont des bus passés et des allées-venues pressées. La nuit révèle la douceur des courbes, les volumes se simplifient, les lampadaires dessinent d’autres parcours. Sur un belvédère, on reconnaît les constellations, on mesure la chance d’un ciel parfois épargné par la pollution lumineuse. Le silence n’est jamais total : il garde les bruits de pas sur les cailloux, le frottement d’un vélo sur une calade, un chien qui salue, un rire qui glisse. On prend alors la mesure de la durée : ces pierres, ces ruelles, cette organisation en hauteur ont vu des générations se succéder. Et l’on comprend pourquoi tant de voyageurs parlent de revenir plutôt que de voir .

Revenir, pour découvrir encore

On ne boucle jamais vraiment la découverte des villages perchés du Haut-Var. Chaque saison ajoute un voile, chaque heure déplace une ombre, chaque conversation dévoile un pan de vie. On peut y venir pour l’architecture et repartir avec un goût de thym en bouche, y arriver curieux des panoramas et se surprendre à parler longuement avec un artisan sur le pas de sa porte. Les routes ne sont pas toutes droites ni lisses, les ruelles ne sont pas toutes faciles, mais c’est en acceptant ces difficultés simples que l’on se rend disponible à ce que le pays veut bien livrer : une manière de tenir à la pierre, d’habiter l’horizon, de faire circuler l’eau, de garder l’ombre pour le voisin, de partager le pain sur un banc.Parce que le Haut-Var n’est pas une carte postale immobile. C’est un territoire vivant, aux équilibres subtils, où la hauteur n’isole pas mais rassemble autour d’un projet commun – continuer à faire village. En s’y aventurant avec respect, en marchant doucement, en lissant de la main le grain des pierres, on tisse avec ces lieux une relation qui ne s’achève pas à la sortie du parking. On quitte un belvédère, on replie la carte, et déjà l’on sait qu’on reviendra à la prochaine saison, pour voir comment la lumière s’est posé différemment sur un clocher, pour goûter une huile nouvelle, pour saluer un visage croisé. Les villages perchés du Haut-Var sont de ceux qui ne se donnent pas d’un seul coup ; ils s’apprivoisent et, à leur manière, vous apprivoisent.Alors on repart sans hâte, avec un panier modeste et des souvenirs précis : la courbure d’une calade après la pluie, la fraîcheur d’une voûte à midi, une conversation au lavoir, un horizon où une colline en appelle une autre. On a appris à regarder autrement la pierre, l’eau, la lumière, et à reconnaître, sur chaque crête, la ténacité d’un village qui raconte, encore et encore, comment l’homme compose avec la pente. Le Haut-Var, par ses villages perchés, offre une leçon de géographie sensible, une esthétique humble et forte, un art de vivre haut, mais les pieds solidement plantés dans la terre.